18 mars: Burlesque désespérant à la Chambre (pouvoirs spéciaux 2)

Epilogue de 18 mars: vote des pouvoirs spéciaux contre les chômeurs. Le PS est dans un tel état de panique face à la grogne de sa base électorale vis à vis des mesures austéritaires, en particulier celles qui punissent les chômeurs, qu’il réagit désormais au quart de tour, de manière erratique, oublieux des accords négociés avec ses partenaires de la majorité.

Vous me direz, génial, il suffit d’une centaine de courriels les accusant de vouloir voter les pouvoirs spéciaux contre les chômeurs pour que (seuls) les parlementaires PS (par la voix de Vincent Sampaoli qui m’a répondu personnellement en bas de page) au sein de la majorité réagissent. Ne vous réjouissez pas ! Il faut voir le contexte dans lequel nous nous trouvons, l’atmosphère de fin de règne, cette épée de Damoclès du 25 mai, les rend prêt à toutes les fourberies pour contenter, enfin plutôt, ne pas s’attirer plus encore, les foudres de leurs alliés, en toute hypocrisie !

Un réquiem pour la démocratie

Globalement, le jeu du PS ici montre dans quel état est la démocratie parlementaire, c’est lamentable, pathétique, petit.  La particratie a accouché d’une médiocratie parlementaire. Les parlementaires, ces soi-disant représentants du Peuple, qui entrent par la grande porte (quand moi simple citoyenne, je dois entrer au Parlement par la petite porte),  réservée aux élus de la Nation, ces serviles obséquieux des leaders du parti,  cumulards de surcroît, ils passent plus de temps à régler les problèmes de leur commune et à faire tomber les deniers fédéraux dans leur escarcelle locale, que de s’occuper de gérer le pays pour que tous les citoyens s’en sortent et non la minorité la plus argentée…

Il faut quand même se souvenir que les seuls à recevoir de l’argent de l’Etat sans contrepartie ni obligations, ce sont les patrons, aucune obligation liée à leur réduction ONSS! Chacun appréciera les lourdes obligations du chômeur qui doit montrer patte blanche (contrôle dispo) tous les 6 mois (pour les jeunes) en pénurie avérée d’emplois quand le patronat reste, lui, libre (sic) comme l’air de s’en mettre plein les fouilles avec le soutien des deniers de l’Etat, sans même qu’on lui demande des comptes, par exemple, combien d’emplois de quelle durée, à quel niveau de salaire,  il a créé avec ses sacro-saintes réductions de charges patronales à la Sécu (qui menacent le financement de la Sécu !).

Et, ô surprise, les patrons en veulent encore plus (après le gel des salaires, le démantèlement de l’index, et l’appauvrissement / exclusions des chômeurs, ils réclament, en plus, une baisse de 20% du coût du travail, si si !) comme l’explique le patron de l’Union Wallonne des Entreprises: “il faut faire confiance aux patrons” (non sans blague !).

Mais le plus préoccupant, dans le discours patronal actuel, demeure non pas la compétitivité, qu’on nous sert à tous les plats depuis 30 ans et qui a fini par pénétrer nos cerveaux perméables (au café du commerce tout le monde s’accorde à dire que c’est important – sic) mais bien l’OPA que le patronat veut faire sur l’école et le formatage du cerveau de nos enfants pour installer une nouvelle religion (ô esprit, esprit d’entreprise, es-tu là ?).

Étonnamment,  quand il s’agit de s’assurer que les travailleurs, sous contrat, se forment un jour par an de manière obligatoire, là, la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) se cabre ! J’eusse cru, pourtant, que la formation du travailleur tout au long de la vie était essentielle à la compétitivité des entreprises (serais-je « touchée » par l’esprit d’entreprise, moi aussi?) comme l’est celle des chômeurs ? Que nenni, la formation des chômeurs ne coûte pas un copec au patronat, c’est l’Etat qui la paie, par contre, la formation des travailleurs, elle leur coûtera… Des grands philanthropes, les patrons, toujours avec l’argent d’autrui …

L’éducation vise, selon la pédagogie de l’opprimé de Paul Freire, non pas à faire des dépôts de savoir mais à aiguiser un sens critique. Cela passe évidemment par une revalorisation des élèves, des couches populaires, de leurs savoirs propres, de leur capacité toujours intacte à appréhender le monde et à le réinventer si on leur donne les outils nécessaires pour le faire.

Et les patrons, BEGOV les écoute,”naturellement”, pas besoin de manif dans le pays pour eux, des déjeuners, lunchs et dîners dans des cercles bien connus suffisent amplement entre « gens de bonnes compagnies »  …

En prendre notre parti

Mais revenons à nos moutons … Ils devaient vraiment en avoir ras la casquette de tenir des permanences sociales pour tous ces pauvres à problèmes, les députés, pour éliminer le Parlement du processus de décision lié au chômage, ça va leur faire des vacances (par contre les communes, elles, vont devoir en ouvrir, ou construire des prisons, au choix …) car pourquoi aller geindre chez un parlementaire qui ne peut rien, il n’a plus aucun pouvoir législatif, tout est dans les mains du gouvernement ( je doute qu’un Di Rupo ouvre une permanence pour entendre les doléances des citoyens qu’il a lésés alors qu’il est dans le déni le plus complet et ment comme un arracheur de dent sur RTL ce qui a joué contre lui dans son propre camp, avec des communes PS voire des fédérations, votant des motions pour le retrait des exclusions des chômeurs en 2015, ajoutant encore à la schizophrénie interne).

Faut être clair : si on t’as pris la main dans le sac en train de voler (faire les poches aux pauvres) et que ta défense c’est: « Non, c’est pas moi,  c’est le grand là, le flamingant, c’est lui qui a dit de le faire, je l’ai fait à l’insu de mon plein gré, j’ai résisté, j’ai dit Nee, Nee avec ma grosse voix, mais il a rien voulu savoir,  je ne recommencerais plus, je promets, juré, craché », tu espères encore vraiment qu’on va te croire ? ^^

Je ne vois plus qu’une seule solution pour les chômeurs pour reprendre le contrôle sur leur destinée: créer un parti politique de chômeurs,  gagner les élections, et éliminer les lois qui nous oppriment, et, – tant qu’à faire, la vengeance est un plat qui se mange froid, – fermer les administrations de collabos qui servent de bras armés du gouvernement (de toute façon en partie décimée par la dernière réforme de l’Etat). Se profilent après la 25 mai, quatre années de législature d’une austérité inimaginable, on va trimer pour notre pain noir, c’est clair, car les finances régionales seront exsangues suite à la réforme de l’Etat qu’ont votée les partis francophones (PS, cdH, MR, Ecolo, ce front de grands « résistants » …).

Le PS rassure d’abord … la FGTB!

En Commission des affaires sociales de la Chambre, ce 18 mars, l’obscure député PS Vincent Sampaoli  se sentit pousser des ailes … de rebelle (non je déconne 😉  et fit toute une tirade, demandant le retrait de l’article 25, visant à donner la rétroactivité aux pouvoirs spéciaux que le gouvernement convoite pour ainsi bétonner sa réforme du chômage.

La rétroactivité (à juillet 2012 pour coïncider avec la dégressivité, première des deux mesures de la réforme du chômage si contestées) « ne revêt pas le caractère indispensable requis par la Cour Constitutionnelle », argumente-t-il, notamment parce que le courriel de protestation envoyé aux députés mentionnait que les recours introduits devant les Tribunaux du Travail  par la FGTB pouvaient être amoindris par la rétroactivité de la sécurité juridique sans être réfutables sur le fond, car la violation du principe de standstill lié à l’article 23 de la Constitution, elle demeure. Et de terminer de justifier cet amendement par ces mots :

Le Parlement ne voulant pas donner le sentiment qu’il souhaite influencer l’issue de l’une ou l’autre procédure en cours, il estime préférable de retirer la chapitre 9.« 

Dont acte …  Mais le PS courant tel un coq ayant perdu la tête, ne s’est pas contenté de ça, contre toute attente, tout comme l’Ecolo Zoé Genot, le PS dépose aussi un amendement pour retirer les articles conférant les pouvoirs spéciaux au gouvernement en matière de chômage. Là, il est carrément au bord de la crise de schizophrénie aigüe.

Devious MPs

Ce retournement de veste d’un membre de la majorité, qui n’avait aucun soutien par ailleurs auprès des autres membres de ladite majorité, notamment sp.a, voire francophones (cdh et MR), n’a pas manqué de faire railler le député David Clarinval, MR, en Commission : “Je félicite Zoé Genot qui prêchait dans le désert une semaine plus tôt et a finalement réussi à se faire entendre”. Qu’un membre du MR se marre devant les cacas nerveux du PS, vu qu’il est lui pour les pouvoirs spéciaux, voire bien pire, contre les chômeurs, ça n’étonnera personne. La députée Catherine Fonck (cdh), brillante d’à propos, a, elle, ramené sa fraise sur la “garantie jeune” qui n’était pas l’objet du débat (sic).

Ca pourrait faire une telenovella intitutlée “Devious MPs” (en anglais, en wallon ça donnerait : « toûrsiveux députés »), si seulement les réunions de commission des affaires sociales étaient filmées et qu’on pouvait les voir sur internet, (oups la transparence, c’est pas non plus son fort au Parlement qui, pour la Commission des affaires sociales, avait prévu deux rangées de sièges pour mettre 20 personnes du “public & journalistes” en son sein…).

L’occasion fait le larron

Vu que c’est un peu exceptionnel qu’un projet de loi déposé par le gouvernement qui a déjà été adopté par la Commission des affaires sociales soit renvoyé en Commission par le même gouvernement, pour en approuver des modifications, la députée Zoé Genot en a profité pour rajouter quelques amendements supplémentaires:  comme d’inscrire le fait que les allocations de chômage ne peuvent être limitées dans la temps ou encore de donner au Parlement la compétence exclusive de fixer les montants des allocations de chômage. Tous refusés  évidemment… Fin de la saga, en plénière à la Chambre, pour le vote final “automatique” ou « presse-bouton » de nos si chers élus du Peuple !

La messe est dite

Le PS va continuer à faire de l’esbroufe, à passer comme les autres partis de la majorité, vite-vite avant la fin de la législature, des législations dont l’importance est inversement proportionnelle à l’attention médiatique qu’elles reçoivent. Ainsi,  coïncidence ?, le très médiatisé « statut d’aidant proche »,  justement ce 18 mars, un texte totalement vide de droits, qui ne sert donc à rien et de l’aveu même de sa lobbyiste, “Il faut savoir que cette reconnaissance ne va rien changer à la vie des aidants pour le moment a éclipsé … notre débat sur les pouvoirs spéciaux des chômeurs …  Mais servira bien à redorer le blason terni du PS, excellente communication électorale en pleine campagne (et les journalistes accrédités par le pouvoir diront encore que les médias ne sont pas des porte-voix des partis …).

On n’allait pas vous informez (surtout sur le sevice public) que la démocratie vient encore de prendre un coup dans l’aile, non plus ! (Je serai malhonnête si je ne citais pas le seul article bien tapé sur le sujet paru dans Vers l’Avenir ). Néanmoins je ne suis pas d’accord avec le titre, la manoeuvre « ultime » du PS sur le chômage. Elle n’est pas ultime du tout, en réalité, l’arrêté royal avec “l’assouplissement” gouvernemental des exclusions de 2015 de l’allocation d’insertion n’est toujours pas paru au Moniteur, on sera peut-être “surpris” quand on le lira …

A Brave New World ?

Maintenant, que les partis au gouvernement ne cachent plus leurs velléités totalitaristes, ceux que les médias pour masse (ignorante) continue d’appeler les « partis démocratiques”, ceux-là mêmes qui ont passé ou voté toutes ces lois liberticides contre lesquelles une portion congrue de citoyens se bat encore, dans un désert intersidéral médiatique car au fond, il y a pléthores d’ infos vraiment primordiales  (le clip de Stromae pour les « Red Devils » – prononcez « raide desvilleSSS » avec l’accent trainant de Liège) à traiter pour s’occuper des fondements ébranlés voire branlant de la démocratie belge:  des législations contre les chômeurs, les minimexés, les étrangers, les demandeurs d’asiles, les pauvres, les mal-élevés, les socio-économiquement défavorisés quoi, une armada de législations répressives pour bien nous cadrer, nous des esclaves consentants comme dirait Chomsky (Manufacturing Consent), car tant qu’on vote pour ces hyènes, c’est qu’on doit avoir été bien conditionné à voter contre nos intérêts

Or Happy Days !

Jusqu’au jour où, la contre-information (auto-promo ;-)) finira par convaincre une majorité de laissé-pour-compte que la dictature capitaliste doit être renversée … La faim  autant que la privation des libertés fondamentales justifiera toujours les moyens … de la lutte !

Chômeuse, Chômeur, connais tes ennemis : cdh, MR, PS, (et les lobbies patronaux qui sont leur source d’inspiration …) et reconnais aussi tes faux amis (les copies un tantinet plus populistes voir plus bêtes / extrémistes, du MR, faut-il les citer ?).

Votes pour des jours heureux comme le revendiquait le Conseil National de la Résistance (CNR) à la Libération (en 1944 et dont les survivants lançaient un appel aux jeunes générations ci-dessous) et qui a fait naître la Sécurité sociale. On ne construit pas une belle vie ensemble quand on sème le malheur, la grande pauvreté et l’exclusion ; quand on s’arroge des privilèges rien que pour soi en écrasant les autres, on ne construit pas un avenir heureux contre autrui, mais avec autrui, tous ensemble !

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Corine Barella

Tous les documents sur les débats liés à ce projet de loi sur le site de La Chambre :  Projet de loi portant des dispositions diverses en matière de sécurité sociale.

NB: la réponse personnelle du député PS Vincent Sampaoli reçue ce 21 mars 214.

Sampaoli PS - RE pouvoirs spéciaux

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